Si on admet que la relation au monde et donc au dehors nous fonde, on peut se permettre d’oublier un temps le corps-matière, le corps-objet pour laisser respirer un corps-forain – un corps ouvert au dehors qui le chamboule – qui de la flaque à l’enthousiasme du saut éclate en éclaboussures.

C’est dans prendre corps et langue qu’Alice Godfroy nous offre ce néologisme : mondulation.

Mondulation, mot-valise issu de monde et modulation, exprime le passage et la transformation d’un rapport au monde à un autre. Lors d’une promenade tranquille dans un sous-bois, le moment où je vois la flaque signe ainsi une mondulation foraine, un moment d’irruption du dehors (la flaque) me propulsant dans un devenir-éclaboussures. On peut d’ores et déjà remarquer que toute mondulation implique une modulation tonique.

Les différentes nuances toniques, et leurs relations intime à la posture, sont en effet le reflet de notre rapport au monde. Elles reflètent la richesse avec laquelle nous pouvons interagir depuis la possibilité de se laisser entièrement toucher, jusqu’à la crispation la plus totale, en passant par la sidération, l’extase, l’enthousiasme, le doute ou le mépris.

Réduire cette palette à deux pôles, tendu ou détendu, est se méprendre totalement sur le caractère polymorphe de notre affectivité. A travers de multiples outils, allant de la respiration, à la conscience de notre poids, en passant par l’utilisation d’image, de tissus ou autres objets, il est possible d’aborder directement la plasticité du tonus par les mondulations foraines qu’offre corps ouvert au dehors, enfin libre de conceptions auto-centrées et mécanistes.

Plutôt donc que de plaquer (et imposer) un modèle binaire tendu/détendu à la richesse chatoyante des rapports au monde, nous préférerons jouer à explorer la palette des nuances toniques dans de multiples situations allant du mouvement solitaire, curieux et/ou dansant à la joie grisante d’une bagarre générale.