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Accueils Attentifs

Une conversation en mouvement avec Mandoline Whittlesey

du 19 au 24 juillet 2019 dans la Drôme

crédit photo : Drougard Véronique

Matthieu : Je me souviens de ce petit moment de révélation désarmante : je ne peux pas être inattentif, cela se produit et m’est offert. Quelque soit l’objet sur lequel l’attention se pose, « extérieurs » ou « intérieurs » (sensations, pensées…) elle a ce goût impensable de continuité et de permanence. L’attention devenait un deuxième sol, quelque soit la direction du regard, elle y était déjà, offrant un soutien indéfectible.

 

Mandoline : Dans le mot attention, j’entends une qualité focale qui ne rend pas entièrement compte de l’expérience possible d’une conscience diffuse. Mais j’ai l’impression que la manière dont tu emploies le mot inclut toute forme de perception.

 

Matthieu : Oui. Nous pourrions parler de l’attention comme de la modulation des objets de la conscience; l’attention fait que l’objet se détache du fond. Il acquiert un relief et une clarté qui ne sont pas en soi ses propriétés mais celle de son apparaître. La conscience attentive ne cesse d’extraire un nouvel objet, elle passe d’un objet à un autre, elle souligne certains détails et en néglige d’autres.

 

Mandoline : Je comprends mieux comment tu emploies le mot. Pour ma part, je m’intéresse aux modulations des modes perceptifs eux-mêmes : notamment entre un mode dialogique entre sujet attentif et objet, comme ce dont tu parles, et un autre mode de résonance holographique où la distinction entre sujet et objet ne tient plus—je rencontre cette bascule fréquemment dans ma pratique du Mouvement Authentique. Je le vis comme une redistribution tonique, tangible, et en même temps un déplacement de mon sens de moi. Cela me demande d’être disposée à quitter une certaine identité, avec tout ce que je crois savoir, tout ce que je projette.

 

Matthieu : Il y a cette phrase de Paul Ricoeur : « Ce qui fait l’attention dans sa pureté, c’est moins l’apparaître donné de l’objet et l’activité constituante du sujet que cet intermédiaire qu’est le regard que n’oriente aucune pré-perception. ». L’objet lui ne cesse de se dérober, je ne peux l’appréhender que sous certains profils, à tel point qu’il porte sa part de déception et provoque l’intervention active du sujet, ce dernier en vient à en parcourir les contours et à projeter des schémas anticipants : il veut retrouver dans l’objet ce qu’il sait déjà.

 

Mandoline : Comment me dé-saisir de ce que je sais déjà, me proposer des décalages vers l’inconnu, m’accompagner dans la défaite et l’abandon d’une certaine identification, pour me laisser saisir par un ailleurs-que-moi ? J’aime cet instant rare où je suis cueillie par l’expérience et qu’elle me demande de revisiter des appuis trop sûrs.

 

Matthieu : Oui pour citer encore Ricoeur : « Le vrai nom de l’attention, ce n’est pas anticipation mais étonnement. » J’aime à penser que les approches de la technique Alexander et du contact improvisation proposent de rester sur cette crête de l’apparaître où « l’attention n’est pas anticipation mais étonnement. »

 

Venez bouger et dialoguer avec nous ! Nous partagerons le meilleur de nos pratiques (Contact Improvisation, Technique Alexander, Mouvement Authentique, Body-Mind Centering®) inventerons des ponts, dans un esprit de recherche et de co-création.

 Tarifs enseignement : 380 euros , 330 pour toute inscription reçue avant le 1er mai.

Hébergement : à Saint Ferréol, près de Die (compter 25 euros la nuit, repas en gestion libre)